L’expansion agricole mondiale va être significativement impactée par les biocarburants. Un rapport de Transport & Environment (T&E) publié récemment révèle que la superficie réservée à la production de biocarburants connaîtra une augmentation de 60% d’ici 2030.
Cette projection est d’autant plus critique que 90% de cette production mondiale continuera de reposer sur les biocarburants de première génération, issus de cultures alimentaires, ce qui représente l’équivalent de la superficie de la France cultivée pour ce seul usage.
Alors que les biocarburants sont mis en avant comme une solution de décarbonation pour les transports (automobile, maritime, aérien), leur impact environnemental réel est remis en question. L’étude de T&E pointe du doigt le phénomène des changements d’affectation des terres. En conséquence, ces biocarburants émettent actuellement 16% de CO2 de plus par rapport aux combustibles fossiles qu’ils remplacent. D’ici 2030, ils pourraient libérer 70 millions de tonnes de CO2 de plus que les combustibles fossiles qu’ils remplacent. « Les biocarburants sont parfois présentés comme des solutions idéales pour la décarbonation, notamment par ceux qui plaident la neutralité technologique pour les voitures neuves vendues après 2035. Mais en réalité, ces cultures sont très problématiques sur le plan environnemental », alerte Bastien Gebel, responsable décarbonation de l’industrie automobile à T&E France.
L’analyse de T&E oppose l’inefficacité de l’utilisation des terres par les biocarburants à celle de l’énergie solaire. Pour une quantité d’énergie équivalente, le solaire n’exigerait que 3% des terres nécessaires aux biocarburants.
Selon T&E, le verdict est sans appel : « Les biocarburants sont une fausse solution climatique. Ils gaspillent des terres, de la nourriture et des millions d’euros de subventions. En privilégiant le recours aux énergies renouvelables, et notamment au solaire, cela laisserait beaucoup plus d’espace pour l’alimentation et la restauration de la nature », insiste Bastien Gebel.
