Dans un contexte économique où le monopole de certaines entreprises prédomine, particulièrement dans certains pays d’Afrique subsaharienne, le pouvoir du consommateur et des autres parties prenantes en matière de préférence, notamment basée sur des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG), se trouve significativement amoindri. Cette situation crée un paradoxe où, bien que des investisseurs internationaux ou des observateurs puissent évaluer les actions de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) de ces acteurs majeurs, le manque de concurrence réelle limite la capacité des consommateurs et des communautés locales à influencer ces pratiques par leurs choix.

Le consommateur, en situation de monopole, se retrouve souvent captif. Face à une offre limitée, voire unique, il est contraint de s’orienter vers les produits ou services disponibles, indépendamment de la réputation ou des engagements RSE de l’entreprise. Les préoccupations éthiques, environnementales ou sociales, bien que potentiellement présentes, passent au second plan face à la nécessité de satisfaire des besoins essentiels. Des études ont montré que dans les marchés peu concurrentiels, la sensibilité des consommateurs aux pratiques RSE des entreprises tend à diminuer, car l’alternative est souvent inexistante ou peu accessible.

Cette dynamique a des implications directes sur la manière dont les entreprises en position de monopole perçoivent et mettent en œuvre leur politique RSE. En l’absence d’une pression concurrentielle significative, l’incitation à adopter des pratiques RSE ambitieuses et alignées sur les attentes des parties prenantes locales peut être faible. L’entreprise peut se contenter d’un niveau minimal de conformité, voire utiliser la RSE comme un simple outil de relations publiques sans engagement profond et mesurable.

Cependant, cette situation ne signifie pas une absence totale de pouvoir des parties prenantes. Même en contexte de monopole, des pressions peuvent émerger de différentes sources. Les communautés locales, bien que limitées dans leur capacité à choisir un autre fournisseur, peuvent exercer une influence par le biais de protestations, de plaidoyers auprès des autorités ou de collaborations avec des organisations de la société civile. Les investisseurs internationaux, de plus en plus sensibles aux risques ESG, peuvent également exercer une pression indirecte en conditionnant leurs investissements à des améliorations en matière de RSE. Selon une étude de PwC, 83% des investisseurs institutionnels considèrent que les facteurs ESG sont importants dans leurs décisions d’investissement.

De plus, une prise de conscience croissante au niveau national et international met en lumière les enjeux de gouvernance et de responsabilité des entreprises, même en situation de monopole. Les médias, les organisations non gouvernementales et les institutions internationales jouent un rôle pivot en informant et en sensibilisant sur les pratiques des entreprises, ce qui peut indirectement influencer leur comportement. Des scandales liés à des pratiques environnementales ou sociales douteuses, même en l’absence de concurrence directe, peuvent nuire à la réputation d’une entreprise et, à terme, impacter sa viabilité.

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