La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est, par essence, une démarche volontaire d’intégration des préoccupations sociales et environnementales (ou objectifs de développement durable) dans les opérations commerciales par la Direction.

En Afrique, la grande majorité des initiatives et des investissements structurants sembles être concentrée dans les grandes villes et les capitales économiques, là où siègent les centres de décision et les grands réseaux de communication. Ce constat nous amène à nous demander, si, en ciblant majoritairement les capitales au détriment des villes secondaires, la RSE ne vient- elle pas involontairement accentuer les disparités régionales que les gouvernements s’efforcent de réduire ?

Il est fréquent de constater qu’une entreprise, qu’elle soit minière, agro-industrielle ou manufacturière, opère ses activités extractives ou de production dans une province éloignée, mais concentre ses actions RSE visibles dans la capitale. Ces actions se traduisent souvent par des partenariats, des campagnes de communication bien orchestrées, créant une image de citoyenneté d’entreprise sans pour autant adresser les défis structurels dans ses zones d’impact primaire. Les interventions réalisées à l’intérieur du pays se limitent trop souvent à des dons ponctuels de faible envergure ou à des actions caritatives non pérennes, qui relèvent davantage de la communication que de l’investissement sociétal véritablement structurant.

Par conséquent, le public perçoit une RSE fortement urbaine, tandis que les besoins en matière d’infrastructures, de formation professionnelle et d’accès aux services de base dans les provinces restent inexplorés.

Les gouvernements africains œuvrent à rééquilibrer le développement pour garantir la réduction des inégalités régionales et l’inclusion, pendant que les entreprises focalisant leurs actions dans les capitales. Selon la Banque Africaine de Développement, l’écart de pauvreté entre les zones urbaines et rurales en Afrique subsaharienne est inquiétant, les populations rurales sont quatre fois plus susceptibles de vivre dans l’extrême pauvreté que celles vivant en milieux urbains. Plus encore, seulement 39% de la population rurale mondiale disposent d’un accès aux services d’assainissement de base. Ici, les entreprises manquent l’opportunité d’agir comme de véritables partenaires des stratégies nationales de développement.

Afin de maximiser leur impact durable, les entreprises africaines doivent nécessairement délocaliser/étendre une partie significative de leurs budgets RSE pour financer des actions structurantes dans les petites villes.

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