Intégrer une démarche RSE, leurre ou véritable opportunité stratégique pour les PME Africaines ?

« La RSE, avantage compétitif confirmé des entreprises françaises sur la scène mondiale »[1]…En publiant en 2019 son « Comparatif de la performance des Entreprises françaises avec celles des pays de l’OCDE et des BRICS »[2], le Médiateur de la République et l’organisme tiers évaluateur Ecovadis, expliquaient que de façon globale en France, les performances RSE des grandes entreprises restaient supérieures à celles des PME/ETI, malgré le fort taux de progression de ces dernières. Mais surtout, fait notable, que les PME-ETI avaient des scores plus élevés que les grandes entreprises sur les régions OCDE et BRICS.

Pourrait-on uniquement justifier cette forte prise de conscience de la part des PME occidentales, de la nécessité d’intégrer les enjeux Sociaux, Environnementaux et de Gouvernance au sein de leur stratégie, par l’apparition d’un corpus normatif de plus en plus exigeant, voire coercitif ?

Certes l’arrivée d’un ensemble de dispositifs (Loi Sapin, etc.) a pu avoir un impact bénéfique sur l’éclosion d’une sorte de conscience collective prônant le « gouverner et produire autrement ».

Cependant, nous émettons l’hypothèse que rien n’aurait pu motiver davantage ces PME et ETI, d’emboiter le pas aux grands groupes, que la perspective d’un gain économique certain à moyen, voire long terme, induit par l’intégration dans la stratégie d’entreprise, de préceptes et mécanismes de gouvernance et de production, plus vertueux et socialement responsables.

Les PME africaines auraient donc tout intérêt à s’y intéresser de plus près, ne serait-ce que considérant cette seconde hypothèse.

Vulgarisons autant que faire se peut notre propos, afin que soit, le plus simplement possible, appréhendé l’impact d’une stratégie RSE, déployée de façon juste et pertinente au sein d’une PME. Nous n’userons point de termes savants ou à très haute connotation académique, afin de nous faire comprendre par le lecteur le moins averti. Exit également toute analyse complexe tendant à démontrer avec force chiffres et arguments, comment un Euro investi dans la RSE pourrait en rapporter cinq. Ce n’est point (pour l’instant) l’objet de cette tribune, qui vise avant tout à ouvrir les chakras sur ce « juteux »[3] paradigme qu’est la RSE.

Dans une tribune parue en 2019[4], Caroline Renoux, Fondatrice de Birdeo, cabinet de recrutement spécialiste des métiers liés au développement durable, expliquait simplement comment, références à l’appui, outre le fait qu’elle permet de préserver, voire d’améliorer significativement la réputation de son entreprise, la RSE fait gagner de l’argent aux dirigeants : création de valeur partagée, vecteur d’innovation, regain de confiance des clients, qui se reconnaissent de plus en plus dans les valeurs désormais affichées et promues par l’entreprise, fidélité des salariés, et par conséquent, capacité du Chef d’entreprise d’anticiper sur les mutations sociales, etc.

Nous en déduisons donc que les avantages et gains financiers, liés à la mise en place d’une telle démarche, sont multiples et surtout, évaluables financièrement : diminution des coûts cachés et  réalisation d’économies substantielles, réduction importante du turnover et de ses impacts financiers très lourds pour une PME, gains de productivité remarquables, augmentation du sentiment d’appartenance des salariés, par l’amélioration des conditions de travail, accroissement de la compétitivité y compris à l’export, etc. la liste est loin d’être exhaustive.

Ce n’est donc pas un fait anodin, si la thématique fait quasiment à date, l’unanimité au niveau international.

Et pour ceux qui, (le doute reste permis) feraient montre d’un soupçon d’incrédulité à la lecture de ce pamphlet clairement assumé pro-RSE, il nous plait de souligner que bien avant que ne naquit dans notre esprit l’idée de promouvoir une RSE au bénéfice du développement des PME africaines, de nombreux auteurs, soulignaient déjà l’existence, depuis de nombreuses années, d’un lien (certes faible à l’époque) mais positif, entre RSE et performance financière des entreprises.

Comme le rappelait d’ailleurs Sandrine Berger-Douce (2008), une étude menée par Russo et Fouts (1997) auprès de 243 entreprises américaines concluait () à l’existence d’un lien positif entre performance environnementale et rentabilité, un résultat confirmé par Willsher (2004).[5]

Nous restons donc une fois encore, intimement convaincu que l’intégration au sein de la stratégie et de la gouvernance des PME africaines, de principes de Responsabilité Sociétale, pourra leur offrir non seulement l’occasion de pérenniser leur développement économique par l’accroissement de leur rentabilité et de leur performance, mais aussi la possibilité d’être, en tant qu’entreprises africaines, des laboratoires fertiles d’idées foisonnantes, pour peu que ces dernières soient véritablement représentatives et au service des sociétés africaines et d’un développement véritablement durable.

Par Serge Anselme Guedegbe

Docteur en Droit de l’Environnement

MBA ISC PARIS


[1] https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/mediateur-des-entreprises/barometre_ecovadis.pdf

[2] Ibidem

[3] J’en conviens, l’expression n’est pas des plus heureuses, elle n’en perd pour autant pas tout réalisme sur la réalité du business de la RSE et des opportunités qui en découlent.

[4] https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-dirigeants-la-rse-peut-aussi-vous-rapporter-de-largent-1036518

[5] In BERGER-DOUCE Sandrine, « Rentabilité et pratiques de RSE en milieu PME premiers résultats d’une étude française », Management & Avenir, 2008/1 (n° 15), p. 9-29.

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