L’un des principaux moteurs dans l’élaboration d’un avenir de paix et de prospérité est l’éducation. Or bien souvent, les enfants qui ont le plus besoin d’une éducation de qualité sont aussi les plus vulnérables aux perturbations, causées par les conflits, la crise climatique, une pandémie ou d’autres crises.
En Afrique de l’Ouest et du Centre, les écoles sont souvent les cibles de groupes militants, en particulier dans le bassin du lac Tchad et au Sahel. À travers la région sahélienne, 28 millions d’enfants – soit un sur trois – ne sont pas scolarisés, contribuant à la frustration des jeunes et augmentant le risque d’instabilité politique dans la région. Dix années se sont écoulées depuis le tragique enlèvement des lycéennes de Chibok, en 2014 au Nigéria, et nombre d’entre elles sont encore retenues en captivité. Les attaques ciblant les écoles sont de plus en plus fréquentes.
Dans la région, sept personnes sur dix vivent dans un contexte de fragilité et environ huit enfants sur dix ne savent pas lire ou comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans. En moyenne, seules 59 % des filles sont inscrites dans l’enseignement primaire ou secondaire dans les pays fragiles, affectés par les conflits et la violence (FCV), comparé à 78 % d’inscrites dans les pays non-FCV de la région.
À l’heure où nous célébrons la Journée internationale de l’éducation sur le thème « Apprendre pour une paix durable » et aussi l’Année de l’éducation de l’Union africaine, l’urgence d’aujourd’hui est d’investir dans l’apprentissage pour un avenir meilleur et paisible pour nos enfants. Alors que le taux d’inscription au primaire aujourd’hui dans la région est proche de l’universalité, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour atteindre l’objectif de développement durable numéro quatre en fournissant une éducation équitable de qualité et des opportunités d’apprentissage pour tous tout au long de la vie.
La bonne nouvelle est que la volonté politique est au rendez-vous. L’appel à l’action d’Accra pour l’éducation, adopté en juin 2022 par plus de 40 ministres des Finances et de l’Éducation, a montré une véritable prise de conscience, dont nous commençons à observer les premiers effets.
Tout d’abord, le nombre de filles inscrites dans le secondaire est en hausse. Au Bénin, le gouvernement a rendu l’éducation secondaire supérieure gratuite pour les filles, en commençant par les communes prioritaires et il est en train d’étendre cette mesure à l’ensemble du pays. Le Nigéria poursuit son initiative pour l’apprentissage et l’autonomisation des adolescentes (AGILE) afin d’améliorer les opportunités éducatives dans le cycle secondaire pour 8,6 millions de filles. Depuis son lancement en 2020, le nombre de filles inscrites dans l’enseignement secondaire est passé de 900 000 à plus de 1,6 million.
Plusieurs projets d’éducation de la Banque mondiale s’engagent à rendre les écoles sûres pour tous. Le Nigéria et d’autres pays ont lancé des campagnes de communication soulignant l’importance de se sentir en sécurité dans des environnements favorables et inclusifs et pour la prévention et l’atténuation des violences basées sur le genre (VBG).
Ensuite, l’accent est mis sur des interventions reposant sur des données probantes axées sur les résultats de l’éducation. Au Ghana, le projet de responsabilisation dans l’atteinte des résultats de l’apprentissage (GALOP, de son acronyme anglais) offre un excellent exemple de la façon dont les projets peuvent tirer parti des réformes politiques et des orientations stratégiques – deux principes au cœur de la stratégie pour l’éducation en Afrique de l’Ouest et du Centre. Plus de 72 000 enseignants ont été formés à la mise en œuvre d’approches d’enseignement novatrices dans leurs salles de classe, et les premières données de terrain indiquent que les étudiants inscrits dans les écoles du projet GALOP acquièrent les compétences de base comme la lecture et l’arithmétique élémentaire.
Enfin, des efforts concertés sont actuellement déployés pour renforcer les compétences des jeunes et promouvoir leur inscription dans l’enseignement supérieur. Les données suggèrent que chaque année d’éducation supplémentaire peut entraîner une augmentation de 10 % des revenus annuels. Combler l’écart entre l’éducation reçue à l’école et les exigences du marché du travail est essentiel et les initiatives novatrices observées dans ce domaine, commencent à porter leurs fruits. Ainsi, le Bénin se concentre sur l’éducation technique et la formation professionnelle comme un puissant moteur pour transformer l’économie et favoriser un écosystème d’entrepreneuriat, en offrant des programmes de formation post-secondaire à 13 000 étudiants.
Fer de lance de l’engagement en faveur de l’éducation supérieure, le programme de Centres d’excellence africains (ACE) est axé sur la promotion des femmes dans les sciences et soutient le développement de compétences de haut niveau et les recherches novatrices dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques. À ce jour, ce programme a appuyé plus de 80 centres répartis dans 20 pays à travers le continent, et plus de 70 000 étudiants en masters, doctorats ainsi que des formations professionnelles de courte durée dans l’agriculture, la santé, l’énergie, et d’autres domaines scientifiques
La Banque mondiale a intensifié son engagement dans l’éducation à travers la région, augmentant son portefeuille pour le secteur de 5,3 milliards de dollars en 2022, à 7,9 milliards de dollars en 2023. Cet investissement souligne son engagement pour œuvrer aux côtés des pays et des partenaires du développement, en priorisant les besoins des jeunes.
Il est impératif de poursuivre le renforcement de nos systèmes éducatifs et tirer parti de tous les outils disponibles pour un plus grand impact dans l’apprentissage. C’est dans l’éducation que résident la clé de la transformation de nos nations, et l’établissement d’une paix durable.