L’histoire de la gestion des déchets offre un contraste saisissant entre notre passé où les ressources étaient rares et la société de consommation d’aujourd’hui. Si le recyclage est devenu un pilier de l’environnement, son impact sur le changement climatique est plus nuancé qu’on pourrait le penser.

La genèse du recyclage relève de la nécessité et non de l’environnementalisme. Les premières sociétés disposaient de ressources limitées, réutilisaient et reconvertissaient tout, des bouts de papier aux métaux. La mécanisation et l’industrialisation ont stimulé la production au-delà de l’utile et génèrent plus de déchets que l’on ne peut contenir.

Aujourd’hui, avec une production mondiale de déchets allant jusqu’à 3,5 millions de tonnes par jour, le recyclage est devenu une pratique et une nécessité universelle. Cependant, les taux de réussite varient selon les matériaux. Le papier, le verre et le métal affichent des taux de recyclage encourageant. Contrairement au plastique qui reste un défi important. Seul 9% des déchets plastiques sont recyclés et le processus en lui-même reste énergivore.

Le véritable avantage environnemental du recyclage réside dans sa capacité à réduire la dépendance vis-à-vis des matières vierges. La fabrication à partir d’aluminium ou de verre recyclé consomme beaucoup moins d’énergie que l’extraction et la transformation à partir de zéro. En effet, la production d’une canette en aluminium recyclé comparée à celle d’une canette en matériau vierge permet une économie de 95 % d’énergie.

Néanmoins, cet avantage est amoindri pour les plastiques en raison de la complexité du tri et du retraitement.

Si le recyclage joue un rôle dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), son impact est moindre par rapport à d’autres mesures. Des études suggèrent que la réduction de la consommation, la réutilisation des articles et l’utilisation d’appareils à faible consommation d’énergie permettent de réaliser des économies d’émissions bien plus importantes.

De plus, une insistance excessive sur le recyclage peut être une arme à double tranchant. Cela pourrait donner un faux sentiment de responsabilité sociale et environnementale, encourageant les consommateurs à acheter plus en pensant que les déchets peuvent être recyclés.

La question est encore plus contournée par les tactiques « d’éco blanchiment » employées par certaines industries. Encourager le recyclage du plastique sans infrastructure adéquate ou gestion responsable compromet l’efficacité du processus.

La solution réside dans une approche à plusieurs volets. Nous avons besoin de systèmes de recyclage améliorés, parallèlement à des politiques qui découragent les plastiques à usage unique et encouragent une consommation responsable. Les plastiques biodégradables, bien qu’ils semblent être une solution, présentent leurs propres problèmes. Une étude réalisée par une agence environnementale allemande révèle que « les plastiques, même s’ils sont biodégradables, ne finissent presque jamais dans des systèmes de compostage appropriés, mais plutôt dans des décharges, sans conditions adéquates pour leur décomposition».

L’accent mis sur le recyclage du plastique détourne l’attention de problèmes climatiques pressants. S’inspirer des générations passées qui vivaient avec moins et réutilisaient plus peut également nous guider vers un avenir plus durable. Le recyclage reste un outil précieux, mais il doit être considéré comme un élément d’une stratégie plus large qui donne la priorité à la réduction et à la réutilisation des ressources.

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