Le changement climatique en Afrique, bien que perceptible à travers des images et des manifestations physiques, semble demeurer un phénomène abstrait dans les esprits. Seulement, les conséquences économiques de ce phénomène sont bien réelles et se chiffrent en milliards.
Si les images de terres arides, de forêts dévastées et de populations déplacées sont poignantes, elles ne traduisent qu’une partie de la réalité. Derrière ces images se cachent des coûts économiques considérables, souvent sous-estimés. La perte de récoltes due à la sécheresse, la destruction d’infrastructures par les inondations, la dégradation de la couverture sanitaire, autant de facteurs qui impactent directement les économies africaines.
La Côte d’Ivoire, pays fortement dépendant de l’agriculture, a subi de récentes sécheresses qui ont entraîné des pertes de production de cacao estimées à plusieurs milliards de francs CFA. Pendant leur étude, Gateau-Rey et al. (2018) ont observé une diminution de 89% du rendement de la culture du cacao et une mortalité de 15% des pieds de cacao en lien avec une sécheresse causée par le phénomène El Niño.

Il est important de comprendre que ces coûts économiques ne se limitent pas aux pertes directes liées aux catastrophes naturelles exacerbées par le changement climatique, mais a également des coûts indirects.
Ces coûts, souvent différés dans le temps, peuvent avoir des effets dévastateurs sur le développement économique à long terme des pays africains. Selon le Groupe africain de négociateurs sur le changement climatique (AGN), certains pays du continent consacrent déjà jusqu’à 9 % de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide à l’adaptation au changement climatique.
Les conséquences sociales sont tout aussi importantes, avec des impacts sur la santé, la sécurité alimentaire et les migrations. Entre 2030 et 2050, le changement climatique devrait provoquer 250 000 décès supplémentaires par an, les coûts des dommages directs pour la santé étant estimés à 2-4 milliards de dollars par an d’ici à 2030 (OMS 2024).
En chiffrant les pertes économiques liées au changement climatique, nous pourrons mieux mesurer l’ampleur du défi à relever et mobiliser les ressources nécessaires pour y faire face. Il est temps de transformer les images de la souffrance en chiffres qui parlent et de prendre les mesures nécessaires pour protéger l’avenir de la vie sur notre continent.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *