Les services de garde d’enfants de qualité présents en Afrique de l’Ouest sont désormais certifiés comme levier pour l’autonomisation des femmes, la réduction de la pauvreté et la promotion d’un développement véritablement équitable. Ces services ne sont pas seulement une nécessité pour le bien-être des enfants, mais constituent un investissement stratégique dans le capital humain, stimulant la productivité des parents et, par conséquent, la croissance économique des nations.
L’exemple pionnier du Cap-Vert, qui a mis en place un financement efficace axé sur la demande et une réglementation systémique de la garde d’enfants, illustre le potentiel de telles initiatives dans la région.
Malgré une reconnaissance croissante de leur importance et des avancées notables dans certains pays, l’expansion des services de garde d’enfants en Afrique de l’Ouest se heurte à des défis considérables. À l’échelle de l’Afrique subsaharienne, seulement 28 % des enfants sont inscrits dans des établissements d’éducation de la petite enfance, un chiffre qui contraste fortement avec les 58 % observés dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure au niveau mondial. Plus préoccupant, les données disponibles pour des pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire indiquent que moins de 1 % des enfants de moins de trois ans participent à des programmes de garderie prématernelle. Ces faibles taux de participation sont principalement dus à l’insuffisance des ressources financières et des infrastructures, ainsi qu’à un manque criant de professionnels qualifiés dans le secteur.
La plupart des nations de la région subsaharienne sont loin d’atteindre l’objectif de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui recommande d’allouer au moins 1 % de leur produit intérieur brut (PIB) aux dépenses publiques consacrées à l’éducation de la petite enfance. Cette réalité contraint les familles à supporter la majeure partie des responsabilités en matière de soins et de financement. De plus, les normes sociétales et les préjugés de genre persistent, ce qui freine la participation des femmes au marché du travail et complexifie encore plus les efforts de promotion la garde des enfants.
Des études ont démontré qu’en Uruguay, chaque dollar investi dans ce secteur peut générer jusqu’à sept dollars de rentabilité économique. Ce retour sur investissement élevé s’explique par une augmentation significative de la participation des femmes au marché du travail, une amélioration de la productivité des parents et des résultats de développement de l’enfant optimisés. En permettant aux parents de travailler de manière plus régulière et sur des plages horaires plus étendues, les garderies d’enfants exercent un effet multiplicateur sur l’économie.
Le Burkina Faso illustre ce progrès à travers l’intégration de structures mobiles de garde d’enfants dans des projets de travaux publics financés par la Banque mondiale, ce qui a considérablement amélioré les revenus des femmes et l’utilisation des services de garde ; Au Cameroun, la mise en place de services de garde d’enfants dans des contextes fragiles et touchés par des conflits a permis aux parents déplacés de s’engager dans des activités génératrices de revenus, renforçant ainsi la résilience et la stabilité des communautés. La Côte d’Ivoire a quant à elle étendu une approche communautaire de développement de la petite enfance, incluant la garde d’enfants et la nutrition, passant de 140 sites pilotes à plus de 2300, avec l’ambition d’atteindre l’ensemble des 8000 villages du pays d’ici 2030.
L’engagement politique en faveur de la garde d’enfants s’est renforcé avec l’adoption des « Engagements de Sal » lors d’une conférence régionale. Cette déclaration collective audacieuse entend intégrer la garde d’enfants au cœur des stratégies nationales de développement. Les Engagements de Sal définissent des mesures concrètes pour élargir l’accès à des services de garde abordables et de qualité, en particulier pour les communautés urbaines, rurales et fragiles mal desservies. Parmi les principaux engagements figurent l’intégration de la garde d’enfants dans les stratégies nationales relatives au capital humain, à
l’éducation, au travail et à la protection sociale, l’élaboration de modèles inclusifs adaptés aux contextes locaux, l’augmentation du nombre de professionnels de la garde d’enfants et la promotion d’emplois décents, l’accroissement de l’investissement public et l’alignement de l’aide des bailleurs de fonds sur les priorités nationales, ainsi que le renforcement des systèmes nationaux de données et la promotion de l’échange de connaissances au niveau régional.