Selon l’OCDE, le déficit de financement annuel des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’Afrique est estimé à 194 milliards USD. Ce chiffre vertigineux n’est pas qu’un constat d’échec : il appelle, plus que jamais, à une mobilisation nouvelle, où la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) devient un levier concret de coopération pour contribuer à ce défi majeur et à impacter la « transform-action » économique et sociale des territoires.

Perçue de manière consensuelle comme un levier de croissance durable, la RSE permet aux entreprises qui l’ont intégrée dans leur gouvernance d’apporter des réponses fines aux problématiques économiques, sociales et environnementales de leur espace opérationnel. En effet, la RSE élargit le périmètre des acteurs économiques au-delà de leurs obligations fiscales afin de contribuer au développement des personnes et des territoires.

De l’« égosystème » à l’approche coopérative

Dans un contexte où les parties prenantes sont sensibles aux enjeux du Développement Durable (lutte contre la pauvreté, éducation, gouvernance, développement local, environnement, droit de l’homme, énergies propres, etc.), plusieurs entreprises qui ont enclenché le mouvement de la RSE ont tendance à l’arrimer à une logique d’«égosystème», guidée principalement par la réputation, et créant ainsi une forte asymétrie entre les actions annoncées et leur matérialisation.

Afin de préserver le « quitus » d’opérer et leur image de marque, les entreprises gabonaises sont encouragées à s’inscrire dans des démarches de durabilité basées sur la coopération.
Cette dynamique vertueuse impactera le plus grand nombre de bénéficiaires à travers des projets structurants (soutien à l’entrepreneuriat, infrastructures, création d’emplois, activités génératrices de revenus, préservation de l’environnement, etc.).

Retombées concrètes de la coopération à impact positif

L’expérience d’Eramet au Gabon, à travers ses filiales Eramet Comilog et Setrag, illustre qu’un modèle économique performant peut, simultanément, être porteur de progrès social et environnemental. Cette approche, fondée sur la coopération avec l’État, les communautés et les acteurs locaux, démontre qu’il est possible de conjuguer développement industriel et régénération des territoires. Un modèle inspirant pour d’autres entreprises opérant en Afrique. En effet, en 2024, Eramet Comilog et Setrag ont consacré plus de 6 milliards de FCFA à des actions de contribution sociale et communautaire.

Ces investissements changent le quotidien : des écoles rénovées pour former les générations futures, des hôpitaux mieux équipés pour soigner, des entrepreneurs soutenus pour bâtir l’économie locale, des projets agricoles lancés pour diversifier les sources de richesse du Gabon.

Cette approche aux marqueurs coopératifs (État, communautés locales, autorités locales, associations/ONG, établissements de microfinance, etc.) a bénéficié à plus de 157 000 personnes sur l’ensemble du territoire national grâce à des vecteurs à impact positif : programme de Fonds d’amorçage, programme de soutien à l’éducation et à l’entrepreneuriat, électrification, réhabilitation de voiries, aménagement urbain, infrastructures sanitaires, etc.

Repenser l’impact socio-écologique des entreprises passe par un changement de paradigme qui promeut une RSE créatrice de plateformes de coopération. Cela permettra d’autonomiser et de démultiplier le nombre de «transformacteurs» qui participeront à la régénération des territoires.

Stéphane RINIMBA MOUDOUTÉ-BELL,
Directeur de LATITUDE MONDE


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