L’urgence climatique exige des actions concrètes, mais de nombreux projets à fort impact peinent à obtenir les financements nécessaires, souvent par manque de ‘‘banquabilité’’. Cela signifie qu’ils ne répondent pas aux exigences des bailleurs de fonds, notamment les fonds climats ou fonds verts. Structurer un projet pour qu’il soit ‘‘banquable’’ devient donc une démarche stratégique.

L’Afrique a besoin de 2700 milliards de dollars d’ici à 2030, soit environ 400 milliards par an, pour mettre en œuvre les Plans climatiques nationaux africains, selon les estimations partagées par Anne Frisch, Professeure associée, HEC Paris.

Un projet doit tout d’abord présenter une théorie du changement claire et alignée sur les objectifs climatiques, démontrant sa contribution mesurable à l’atténuation ou à l’adaptation. Cette théorie doit impérativement s’aligner sur les Contributions Déterminées au niveau National (CDN) du pays et les priorités des grands fonds climatiques.

Une analyse contextuelle approfondie est essentielle, car un projet banquable s’appuie sur une compréhension fine du contexte local ; Cela implique de documenter les vulnérabilités climatiques, d’identifier les parties prenantes clés et d’intégrer les principes de genre, d’inclusion sociale et de droits humains.

Un projet bien structuré doit également mettre en lumière ses retombées sociétales positives. Cela inclut la création d’emplois durables, le développement de chaînes de valeur locales, l’innovation et le transfert de compétences vers les populations et les institutions locales. Ces bénéfices socio-économiques renforcent l’ancrage territorial et la pérennité du projet.

Le projet doit également démontrer sa viabilité économique à moyen et long terme à travers un business model clair, durable et évolutif. Il doit préciser les sources de revenus directes ou indirectes, les coûts prévisionnels, et une stratégie de cofinancements. De plus, une analyse des risques et des mécanismes d’atténuation est indispensable, couvrant les risques climatiques, financiers, sociaux et institutionnels. Les projets climat nécessitent souvent un montage financier hybride, combinant diverses sources.

Enfin, un système de suivi-évaluation axé sur les résultats climatiques est exigé par les fonds climat pour le monitoring, reporting & verification (MRV), avec des indicateurs clairs et mesurables. Les projets les plus compétitifs s’appuient souvent sur des associations solides, alliant maîtrise technique sectorielle, expertise en ingénierie financière, et une implantation institutionnelle.

Rendre un projet banquable ne dépend pas seulement de la qualité de l’idée, mais de la rigueur de sa structuration ; seuls les projets bien structurés obtiendront un financement.

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