Éric VOLI BI, Représentant de l’UNESCO au Gabon et auprès de la CEEAC, nous partage des éléments d’appréciation sur l’empreinte « Développement Durable » locale de cette institution onusienne.

1.      Quelles sont les principales actions de l’UNESCO au Gabon ?

L’UNESCO Libreville a été établi en 1998 et s’inscrit dans le cadre programmatique de l’UNESCO et des priorités du Gouvernement du Gabon, en collaboration avec l’UNESCO Yaoundé.

Engagé dans un processus de mobilisation de partenaires pour la réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD), les actions de l’UNESCO Libreville s’articulent autour des axes de coopérations suivants :

  • Soutenir le système éducatif

Les trois principaux défis du système éducatif gabonais sont sa qualité, son financement et sa gouvernance. La forte inadéquation entre les offres de formation et les besoins réels en compétences techniques et professionnelles, l’insuffisance des moyens et infrastructures d’encadrement, ou encore l’absence de statistiques fiables, sont autant de dimensions qui constituent les priorités de l’UNESCO pour soutenir le Gabon dans l’amélioration du système éducatif.

L’UNESCO s’active donc à soutenir la production de statistiques dans le secteur de l’Education et accompagner le Gabon dans l’élaboration d’un plan sectoriel de l’Education, un important outil de gouvernance mais aussi de plaidoyer auprès des bailleurs.

L’appui porte également sur l’amélioration de l’offre de formation professionnelle dans le cadre du projet UNESCO-CFIT III en vue de renforcer les capacités des établissements d’enseignement supérieur afin de produire les compétences nécessaires au développement national.

Le Bureau soutien l’engagement du Gabon comme les autres pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre à investir dans l’éducation et la santé de leur jeunesse et à travailler ensemble pour des adolescents et des jeunes éduqués en bonne santé et épanouis. L’Organisation appui ainsi les activités de formation, production des outils pédagogiques et de sensibilisation en vue de développer les compétences des apprenants et créer des environnements scolaires sains.

  • Valoriser le patrimoine culturel et soutenir les industries culturelles et créatives

Il s’agit d’exploiter le potentiel du patrimoine et de l’économie créative qui permettent de donner des réponses efficaces aux préoccupations sociales majeures des populations en leur garantissant une bonne qualité de vie et en offrant à chaque Gabonais les moyens d’avoir un travail durable et une vie décente. L’accent est mis sur l’aide à la formulation des politiques, le renforcement de l’expertise locale et la contribution de la culture à la diversification économique. La condition de l’artiste, la liberté artistique, les activités productrices, la création d’emplois décents, la créativité sont encouragées. Nous encourageons à établir les liens entre la culture et la biodiversité afin de contribuer à la gestion durable des ressources. Le renforcement des capacités constitue aussi une action centrale avec une dimension communautaire.

  • S’adapter au changement climatique

Avec une couverture forestière de 88 %, le Gabon détient un statut singulier en tant que pays à forte densité forestière et à faible taux de déforestation, possédant le deuxième couvert forestier le plus vaste au monde. Les forêts gabonaises stockent d’importantes quantités de carbone, abritent une biodiversité exceptionnelle et offrent des ressources vitales ainsi que des moyens de subsistance aux populations rurales. Elles jouent un rôle crucial dans la régulation des précipitations et contribuent à atténuer le changement climatique à l’échelle nationale, régionale et mondiale. En effet, le Gabon participe à l’effort mondial en consacrant 11 % de son territoire à des aires protégées.

L’UNESCO collabore avec le Gabon pour renforcer les connaissances scientifiques et favoriser des décisions éclairées pour une utilisation durable des ressources naturelles, y compris l’eau, la biodiversité et la terre. L’UNESCO aide le Gabon à investir dans la science, la technologie et l’innovation (STI), à élaborer des politiques scientifiques nationales, à réformer ses systèmes scientifiques et à renforcer ses capacités de suivi et d’évaluation. Il vise également à relier la science à la société, à aider les citoyens, en particulier les jeunes filles, à mieux comprendre la science et à favoriser ainsi leur participation dans ce domaine.

  • Soutenir le développement durable et inclusif

La contribution de la société civile à la promotion de la paix, de la sécurité et du développement en Afrique est de plus en plus souhaitée et encouragée. C’est tout le sens de l’Aspiration n°6 de l’Agenda 2063 de l’Union africaine relative à « une Afrique où le développement est axé sur les populations, et s’appuie notamment sur le potentiel des femmes et des jeunes ». C’est ainsi que l’UNESCO contribuera à la réalisation de l’ODD 4 et 16 en soutenant le renforcement des capacités des jeunes en gestion de mouvements associatifs ainsi qu’en prévention des conflits et des violences. À travers de telles initiatives, il s’agira de renforcer les capacités des jeunes leaders et des mouvements associatifs aux fins de la construction et de la consolidation de la résilience communautaire, du développement durable, de la paix et de la sécurité.

  • Respect des droits humains

L’UNESCO entend soutenir la réalisation de l’ODD 16 « Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous » au Gabon en contribuant à la consolidation des acquis de la liberté d’expression à travers, entre autres, la dynamisation des mécanismes garantissant l’accès public à l’information, en s’attelant aussi à la prévention de l’extrémisme violent, en œuvrant pour l’exécution du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes, en promouvant le pluralisme, l’autonomie et la diversité des médias, ainsi que le renforcement des capacités des professionnels et des organes de médias.

2.      Comment l’UNESCO contribue-t-elle à la promotion du Développement Durable au Gabon ?

L’UNESCO à travers ses domaines de compétences, contribue activement à la promotion et à la réalisation du développement durable au Gabon. L’action de l’UNESCO prend en compte les priorités nationales, telles que présentées dans le Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable au Gabon (2023-2027). Nos actions sont reparties en trois axes stratégiques et opérationnels : (1) Bonne Gouvernance, (2) Transition vers l’économie verte et bleue, (3) Égalité des chances et inclusion.

  1. Sur le premier axe, l’UNESCO contribue à l’élaboration du plan sectoriel de l’éducation, de même qu’à la réalisation de l’annuaire statistique de l’éducation. En matière de droit de l’homme, l’UNESCO s’emploie à la protection de la liberté d’expression à travers le renforcement des capacités des magistrats et des forces de défense et de sécurité pour la protection des journalistes.
  • Sur le deuxième axe, l’UNESCO s’emploie à renforcer la base de connaissances scientifiques permettant d’aider les pays à gérer leurs ressources en eau de manière durable. C’est dans cette dynamique que nous avons réalisé un rapport portant sur le développement de scénarios climatiques et sur l’analyse d’impact à Ntoum, disponible à l’adresse suivante : www.urlz.fr/o3yA.
  • Sur le troisième axe, on peut pour le moins noter notre contribution à l’élaboration d’une Politique nationale du handicap. Dans le but de « ne laisser personne pour compte », et en tant qu’agence des Nations Unies œuvrant à la construction de sociétés inclusives du savoir, l’UNESCO a apporté son soutien multiforme à l’élaboration d’une Politique nationale du Handicap.

Cette année encore, plusieurs activités ont été organisées et soutenues pour la mise en œuvre de cette Politique en gestation, en apportant les ajustements nécessaires pour garantir son efficacité. Ce document stratégique, contribuera non seulement à l’amélioration de la qualité de vie des personnes en situation de handicap au Gabon, mais aussi, à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable. En éliminant les barrières physiques, sociales et économiques, nous progresserons vers une société plus équitable et solidaire, où chaque individu a les mêmes opportunités et où la diversité est valorisée.

L’inclusion du handicap dans toutes nos actions est cruciale. Nous devons tenir compte des conditions de vie spécifiques des personnes en situation de handicap, prenant en considération des facteurs tels que le sexe, l’âge, le lieu de vie, et d’autres éléments.

3.      Que préconisez-vous pour embarquer les entreprises gabonaises dans la co-construction d’actions à impacts positifs posées par les agences onusiennes ?

Les actions à impacts positifs peuvent être très diverses à travers les cinq programmes de l’Organisation. De nombreuses entreprises de l’écosystème économique du Gabon sont disposées à nous accompagner au quotidien. Il est nécessaire que nous entretenions une coopération avec elles au bénéfice essentiel des communautés qui constituent notre cible première. Dans le cadre de la RSE desdites entreprises, nous pourrions porter ensemble des projets d’envergure. Le Gabon a récemment fait face à un déficit préoccupant de candidats et de diplômés en sciences, avec seulement 13% des candidats au baccalauréat de 2022 provenant de séries scientifiques, parmi lesquels seulement 50% ont réussi à obtenir leur diplôme pour poursuivre des études supérieures.

Cela est en partie attribuable au manque d’infrastructures appropriées dans les établissements, tels que des laboratoires et des kits micro-sciences, essentiels à l’expérimentation scientifique. Ces lacunes entravent le développement des compétences en sciences chez les élèves. Il est important de mobiliser le secteur privé afin de renforcer de manière considérable l’apprentissage des Sciences dans le système éducatif gabonais.

L’UNESCO, fort d’un mandat solide dans l’éducation au développement durable (EDD) appuyé par la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable (2005-2014), se focalise sur divers objectifs clés. Ces engagements incluent l’intégration des concepts d’EDD dans les politiques éducatives nationales, du préscolaire à l’enseignement supérieur. De plus, l’organisation met en place des programmes de formation destinés aux enseignants, éducateurs et responsables de l’éducation, renforçant ainsi leur aptitude à transmettre l’EDD. L’UNESCO encourage également la recherche et l’innovation dans ce domaine, favorisant des approches pédagogiques durables. En collaboration avec des organisations, gouvernements, institutions éducatives et acteurs de la société civile, elle cherche à étendre et à accroître l’impact de l’EDD. Son engagement global vise à promouvoir une éducation intégrant des valeurs, des connaissances et des compétences, permettant ainsi aux individus de contribuer activement au développement durable, à la paix et à la compréhension interculturelle. Nous pensons que le secteur privé à un rôle essentiel à jouer dans la promotion de l’EDD au Gabon.

Au Gabon, en matière d’éducation, par exemple, on note un fort déficit dans les matières scientifiques. Nous discutons avec ces entreprises pour réduire ce déficit à travers notamment, la généralisation des micro-sciences dans le système éducatif. Cela permettra à des milliers d’élèves de se familiariser avec la chimie, la physique ou la biologie et de s’intéresser à des carrières scientifiques pour réduire à terme ce déficit.

Sur le plan culturel, on observe une faible visibilité du foisonnement et de la création artistique. Les jeunes qui constituent la plus grande part de la société sont très portés sur ces sujets. Lesdites entreprises pourront être mobilisées pour soutenir diverses initiatives culturelles qui existent dans les filières le plus porteuses. Cela permettra non seulement de proposer des activités ludiques mais aussi de donner de nouvelles perspectives à une jeunesse en demande.

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